Illustration de Lola Félin pour Arte Radio

Bonne nuit ! Il est 21h30, à cette heure, dans les Ânées 60’ j’écoutais, sous mon oreiller, la première Radio-Pirate « S.S.Carolyne ». Années 70’, j’écoutais - au travail ! - les premières Radios-libres. Cette liberté d’expression va « transverser » les générations.


À 72 ans, moi qui suis plutôt lecteur, je suis convié à écouter un podcast consacré à une Pirate ! « La dernière nuit d’Anne Bonny » de Claire Richard.

 

Anne Bonny, à une époque qui s’efforçait de maintenir son petit bonheur tranquille dans un immobilisme rassurant, a sauté, elle, par la fenêtre de « L’École des Femmes » (Molière).


Le passé nous aide à comprendre ce qui nous arrive, et ce qui nous arrive est cette actuelle course de Corsaires au changement, à la nouveauté… jusqu’au naufrage ? J’ai été capté par la teneur magnétique de ce conte, sa construction sonore, ce qu’ANNE BONNY me disait. Aucune posture n’est figée. Elle a transcendé son égo, comme disait Sartre. Claire Richard raconte un passé simple, c’est un paradoxe car c’est une réalité très compliquée, comme la vie. Un récit simple n’a pas besoin de dire la vérité, il éveille à la réalité.


Moi qui étais technicien communication graphique, mon goût pour l’écriture me propulse reporter-papier pour… relayer la venue de Claire Richard à la radio du Palais ! Voyons comment ce journaliste enfile sa vareuse de marin ? Si derrière l’écran T.V. le «speaker» s’efforce d’être brillant quand les maquilleuses s’évertuent à ce qu’il reste mat, comment est-on dans la lumière d’un studio de radio ? Quel studio ! Le labyrinthe du Palais de Tokyo.


Au milieu d’une salle ouverte, brute-de-décoffrage, un simple agencement de tables et ordis, de grosses pancartes en carton avec leurs prénoms, & «Prière de déranger». Et l’équipe, chaleureuse, complice,enthousiaste et jeune, sauf Sylvain qui a connu le téléphone-pour-table à cadran rond.


Je dérange Sylvain, co-fondateur d’Arte-Radio :

« Je demande à de jeunes auteurs, pro ou non, d’écouter le monde et les vies que l’on y mène en restant original et partial. Nous sommes des artisans inquiets et exigeants. Oui, nous sommes accueillis, depuis 10 jours, par le directeur que notre dimension politique intéresse. Le spectre de nos auditeurs et auditrices sont des jeun-urb-cultiv sur YouTube pour près d’1/3. Avec 2 millions d’écoute par mois, notre audience étant en progression, nous allons lancer de nouvelles émissions. Nous ne sommes pas sur les ondes mais sur l’Application Arte Radio. »


Vous pouvez interrompre votre lecture, c’est l’entr’acte.

Dans les espaces d’exposition du musée, ouvert, le silence !

On retourne dans le Quartier Français.

 

J’ai le bonheur de m’entretenir avec Claire Richard, l’autrice, lui dire le réel bonheur que j’ai eu de prendre une leçon d’écriture, et d’entrer dans une bande-dessinée. 


Le pitch de cette série monumentale – 3h d’écoute:

« Dans une rue de la Nouvelle Orléans, vers 1780, une femme rencontre la Mort qui lui annonce qu’elle n’a plus qu’une nuit à vivre. Cette femme, c’est Anne Bonny. Aujourd’hui, c’est une vieille maquerelle qui gère d’une main de fer un bordel très couru, mais dans sa jeunesse, elle a été pirate. Elle convoque sa fille préférée, Apolline: elle veut lui léguer son entreprise et surtout lui dicter ses mémoires. »



« Pour qu'une vie échappe à la mort, il faut qu'elle ait donné matière à des histoires »


Anne Bonny dans « La dernière nuit d’Anne Bonny »

Claire et Sabine Zovighian la réalisatrice m’évoquent la reconstitution d’un ban de nage pour restituer le temps, l’entretien d’Apolline et de la vieille Anne dans un vieil appartement craquant du marais, la scène de vaudeville sur une vraie scène de théâtre, l’appel à un illustrateur indépendant. 15 journées d’enregistrements pour une année de travail sur le texte de Claire. Laquelle a déjà «podcasté» et écrit «Les chemins du désir» (Seuil ).


Puis c’est la rencontre avec Franck Castel, le bruiteur ; fermez les yeux. Il passe un linge devant nous, c’est le feu, les voiles, un drapeau. Autodidacte il précise que la seule formation, ce sont 5 années d’assistant. Puis il fait entendre la différence particulière des pas de femmes et d’hommes. S’ajoutant au travail de 20 comédiens et 10 musiciens, on comprend que c’est le plus beau projet que Silvain et son équipe dont les réalisateurs Sabine Zovighian et Arnaud Forest, aient abouti. Et l’on ressent leur angoisse et la surprise de la première écoute.


Rompez les rangs, vous avez quartier-libre pour vous asseoir sous les palmes - le bruit de bandes magnétiques froissées -, pour écouter, « La dernière nuit d’Anne Bonny » de Claire Richard.



Un récit de Frédéric Boyer



Pour écouter la série La dernière nuit d’Anne Bonny

https://www.arteradio.com/serie/la_derniere_nuit_d_anne_bonny/2393



Le programme d’Arte Radio part en Live au Palais de Tokyo : 

https://palaisdetokyo.com/exposition/arte-radio-part-en-live/