Tout d’abord, pour installer une cohésion de groupe, rien de mieux que dire son prénom devant les autres enfants. 


« Moi je travaille à la Radio ! » Thomas G. Bataille. Les enfants sont tout ouïe ! 


Après s’être présentés, Thomas et Élisa donnent la parole aux enfants : 

« Et vous alors, vous écoutez la Radio ? » Tous les enfants réagissent avec un entrain certain : la radio est loin d’être un terme qui leur est inconnu. « Alors, vous écoutez quoi à la radio ? » Les enfants s’expriment « Musique ! Météo ! Émissions sur l’art ! Interview ! » 


« Vous connaissez Arte Radio ? » Un « oui » unanime et enthousiaste retentit dans la salle de l’atelier. 


Thomas leur introduit les différentes formes de radio et notamment le terme de création sonore. « C’est ni les infos, ni la météo, ni totalement de la musique : mais une fiction composée de sons. » Et qu’a-t-on besoin pour faire de la radio ?

Les premiers mots qui viennent en tête aux enfants est « l’électricité et les ordinateurs ». Ensuite leur vient le terme « enregistrement » et puis évidemment, ils en viennent à la conclusion que le micro est le vecteur central de la parole et de la conception de sons.

PREMIERE EXPÉRIENCE


Thomas et Elisa sollicitent nos 5 sens : l’ouïe bien entendu, mais aussi la vue, à travers la projection de vidéos conçues sur des tournages d’enregistrements sonores. 


Première vidéo : une tortue marche dans le sable. Un fil relie la carapace au technicien son. « Où est le micro à votre avis ? » 

« Sur la tortue ! ». En fait, le micro est collé à la carapace dans le but d’enregistrer le son de ses pattes sur le sable qui y résonnent. « C’est un micro-contact ! Car il est en contact direct avec la carapace de la tortue ».


Nous avons donc un premier paysage sonore surprenant : l’image représentant l’extérieur de la tortue et la plage, et le son en représentant l’intérieur. Cela crée un premier décalage qui intrigue les enfants et leur prouve les nombreuses utilités et fonctions d’un micro. Je suis aussi surprise qu’eux. Une autre vidéo met en images un perchman et des otaries/éléphant de mer. C’est un « micro stéréo », le plus utilisé en radio, qui est ici brandi au bout d’une perche que les enfants observent avec curiosité. Ce micro sert à capter des sons larges qui composent le paysage sonore : les mouettes, les vagues, et le bruit des éléphants de mer qui semblent protester ou exprimer leur appréhension quant à la présence de l’équipe de tournage. 


DEUXIEME EXPÉRIENCE


Nous écoutons avec toute la concentration qui nous est accordée par nos oreilles une première création sonore proposée par Felix Blume. Thomas n’introduit pas le contenu de cette création documentaire, afin de laisser notre imaginaire d’enfants nous guider vers ce paysage sonore. Il nous invite à fermer les yeux pour se laisser guider uniquement par l’ouïe et créer nos propres images. 


Voici les bruits qui ont retenu mon attention : d’abord un bruit d’eau qui coule, en flux assez conséquent, ensuite des meuglements de vaches qui semblent revendiquer quelque chose, puis le bruit d’une « chose » qui se débat dans l’eau et éclabousse, des paroles humaines qui semblent vouloir orienter des vaches. Par la suite, j’entends l’eau fouettée et un bruit opaque de coups donnés. Puis retentit une mélodie assez triste dans un langage qui ne m’est absolument pas familier. La voix « sature » naturellement. Un coq se met à caqueter fièrement - je l’imagine en haut de son tas de fumier !, puis des voix d’enfants sont de plus en plus audibles. Un enfant pleure. J’entends des frottements puis des battements, et des « claps » de mains qui se rencontrent avec énergie. Je perçois des mots que je traduis avec instinct dans ma langue maternelle et qui semblent pour moi signifier « Tiens-le ! Tiens-le ». Puis une sorte de chèvre des mers qui bêle. S’en suit un monologue accompagné progressivement d’une ambiance de tempête (bruit du vent, de la pluie, de l’orage). Des oiseaux et des crapauds composent par leurs émissions bruyantes ce magnifique paysage sonore exotique. Des femmes rient. 


Thomas interroge les enfants sur ce qu’ils ont entendu. Leur poser des questions sans cesse est une méthode implacable pour retenir leur attention très volatile. Après avoir sollicité notre capacité à recréer dans notre imaginaire les possibles sources sonores, Thomas explique l’histoire : les vaches doivent traverser un fleuve, les Hommes les fouettent avec des bâtons car elles rechignent à faire trempette et ainsi corrompent la destination finale de leur voyage. Ensuite, les « frottements et percussions » qui se mêlent aux paroles de femmes représentent une scène de « grains qui sont moulus par des instruments en bois ». 


Thomas interpelle les enfants et leur demande de dessiner ce qu’ils ont entendu en 5-10 minutes. Les enfants s’empressent de prendre des feuilles et des pastels. 


Chaque enfant illustre subjectivement ce qui l’a frappé dans cette ambiance sonore. Les enfants sont friands de cette activité et l’expérience de passer du son à l’image se révèle très fructueuse : chaque enfant est invité à accrocher son/ses dessins sur le grand mur d’ardoise qui trône dans le fond de la salle d’atelier. 


Les dessins sont par la suite analysés par les différents enfants, puis chacun présente ce qu’il a voulu imager et ce qui l’a frappé. Un curieux dessin de vache nous interpelle « elle se fait tirer par la queue ? » les enfants protestent « Mais non ! C’est le bâton qui frappe les vaches » ! 



LA VACHE ET LE PEUL – Chants et sons du Mali (7’28”) 


À l’approche de la saison des pluies, les jeunes Peuls du Mali partent en transhumance pour six mois avec la majorité du troupeau. Les vaches traversent le fleuve Niger vers l’Ouest. Au village, les femmes travaillent pour nourrir la famille, et les hommes plus âgés gardent quelques vaches laitières. Le Peul vit au rythme de l’animal. Il accompagne son quotidien de chants et de prières. La légende raconte que Dieu a d’abord créé la vache, puis les Peuls pour accompagner l’animal et le protéger.


Réalisé et enregistré par Félix Blume

Mixage deSamuel Hirsch


ARTE RADIO http://www.arteradio.com/son/616195/la_vache_et_le_peul

Sons enregistrés pendant le tournage du documentaire LA VOIE PEULE de Sylvain Vesco.

Thomas et Elisa font visiter le studio aux enfants et leur expliquent les différents métiers à Arte Radio - de l’écriture à la production d’une création sonore. Les enfants sont absorbés par le grand écran et la magie du montage. Pour eux le son = la forme d’onde ressemble à un électrocardiogramme. On leur fait écouter ensuite en avant première mondiale, la création sonore « La dernière nuit d’Anne Bonny » de Claire Richard, l’histoire d’une femme pirate et rebelle ! Les enfants se laissent emporter par la magie de cet extrait sonore et l’histoire d’Anne Bonny, dans le silence le plus calme, happés par leur envie d’être un ou une « pirate ». 


DERNIERE EXPERIENCE  - Battle de son ! 


Pour terminer, Thomas leur a concocté une Battle de son ! Les enfants sont répartis en deux équipes et se concertent pour produire un son de bouche qui soit différent des autres. Au début, les enfants se regardent timidement, puis ils expérimentent avec leur bouche tous les sons qu’ils sont capables de concevoir et en rient gentiment. 


Thomas enregistre ces sons avec un micro pour chaque enfant, et l’associe à chaque prénom en guise de « présentation sonore ». Il conclue l’atelier avec le montage de ce « Battle de son ». Il nous explique « qu’il isole le bruit en le découpant et en l’isolant sur une piste tierce ». Les bruits sont remixés : recollés entre eux, avec une augmentation ou diminution du gain sonore (mixage). 


Les enfants se mettent à danser sur le remix rythmé de leurs bruits de bouche. 


Il est 16h30 ! Les enfants décrochent les dessins du mur et les présentent à leurs parents, bien heureux et contents de les retrouver pour leur raconter leurs nouvelles expériences de sons. (Thomas leur enverra ce son avant Noël)



Quelle aventure et quelle chance pour les enfants d’expérimenter les sons et leurs voix avec Thomas. 

Pendant deux heures, j’ai aussi été une enfant bien attentive. Merci Thomas Guillaud-Bataille pour cet univers que tu as partagé avec nous. 


Un récit de Mélanie Kuleczko

ATELIER TOKTOK

Animé par Thomas Guillaud-Bataille et Élisa médiatrice 

15 enfants (entre 4 et 10 ans)


Mercredi 07/12 (il reste des places)

Samedi 10/12 (peut-être complet)


Le programme d’Arte Radio part en Live : 

https://palaisdetokyo.com/exposition/arte-radio-part-en-live/