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Session de travail  « La dernière nuit d’Anne Bonny », Sabine Zovighian, Arnaud Forest et Michael Liot





C’est dans le Palais de Tokyo à l’architecture art-déco, qu’Arte Radio nous donne à entendre et à écouter l’aventure sonore 

de « La dernière nuit d’Anne Bonny ».  

Dans un des studios aménagés au sous-sol du musée, la réalisatrice Sabine ZOVIGHIAN nous fait un bref résumé de la vie/fiction d’Anne BONNY.


ENTRE HISTOIRE ET FICTION

Née en Irlande au 18ème siècle, devenue pirate après avoir épousé Jack RACKHAM, c’est à l’âge de 80 ans que les auditeurs de cette fiction la retrouve dans un bordel de la Nouvelle Orléans dont elle en est la tenancière. Dans une rue du quartier français, elle rencontre la mort qui lui laisse une nuit pour mettre ses affaires en ordre. De retour chez elle, elle convoque sa fille préférée Apolline, pour lui dicter ses mémoires et rectifier ainsi la biographie erronée écrite par le capitaine JOHSON.

Hormis la courte biographie écrite par le capitaine JOHNSON - son biographe officiel qui a assisté à son procès pour piraterie - peu d’éléments fiables sur sa vie nous sont parvenus. Cette biographie beaucoup fantasmée, d’un parti-pris misogyne a été plus ou moins enjolivée par des éléments plus «vendeurs» par le capitaine. De ce fait, tous les écrits qui suivront en s’appuyant sur cette biographie seront faussés, au grand dam des historiens contemporains.

Comment les histoires traversent-elles le temps et comment se transforment-elles ?

L’autrice de cette fiction sonore, Claire RICHARD, par ses questionnements sur cette héroïne malgré elle et sur les lacunes historiques comme autant de points d’ombre sur sa vie, va recréer à travers ce podcast, le personnage et l’histoire de cette femme peu commune pour nous plonger ainsi dans une légende réinventée. 

Sabine ZOVIGHIAN en a fait la mise en scène et la direction d’acteurs.

Arnaud FOREST a collaboré à la mise en place, la recherche, le choix des partitions pour accompagner la mise en scène. Il a pris en charge un imposant mix pour un son voulu spectaculaire.

Michael LIOT a composé la musique originale pour renforcer la dimension dramatique et romanesque à raison d’un titre pour chaque épisode, neuf au total. Il a recherché pour les réinterpréter des musiques et chants traditionnels de cette époque, mais s’est aussi inspiré des comédies musicales.



LA BANDE SON – LA MUSIQUE ORIGINALE

Tout le travail de mise en scène et de sonorisation de cette fiction repose sur plusieurs « strates sonores » enregistrées, mixées sur des pistes spécifiques : le récit d’Anne BONNY (Catherine HIEGEL), entrecoupés par les extraits du récit du Capitaine JOHNSON (Marc-Henri BOISSE), eux-mêmes entrecoupés par des interventions des historiens (Aurélie MIERMONT et Antoine REINARTZ). Historiens qui aujourd’hui encore cherchent à démêler la vraisemblance de cet héritage historique, aussi entrecoupés par des scènes immersives, de fiction, de la vie d’Anne BONNY. 


Michael LIOT, musicien, compositeur, a déjà travaillé avec Sabine ZOVIGHIAN et Arnaud FOREST sur une fiction précédente « ROSE EST UNE ROSE ». Il nous dit venir d’un milieu musical plutôt Pop, tout en restant très intéressé par beaucoup de types de musique différentes.


PARTIR SUR DES ELEMENTS PLUS TRADITIONNELS

Tout l’intérêt pour la création de cette musique originale, a été pour Michael LIOT de chercher à répondre à des problématiques telles que l’actualisation des musiques traditionnelles par des éléments de musique Pop, tout en conservant la structure initiale, sans la dénaturer, en y restant fidèle. 

Comment faire ressortir les différents niveaux de lecture, ces différentes strates qui se superposent selon les époques de la fiction, les lieux, les personnages, tout en modernisant la couleur musicale. 

Qu’est-ce qui pouvait constituer l’univers musical, l’univers sonore des lieux traversés par les personnages? Des chants de marins traditionnels aux folklores irlandais et anglais en passant par les musiques de la Louisiane aux sonorités du blues, ou la musique aux consonances cajuns, et aussi apporter un peu d’anachronisme par quelques éléments de jazz; celles des Caraïbes lorsqu’Anne BONNY devient pirate, la musique plutôt inquiétante, aux influences vaudou d’Haïti. « Le but était d’essayer de brasser tout ça et de créer aussi des atmosphères différentes selon les moments, selon les endroits, selon les personnages aussi (Michael LIOT) ».


UN THEME PAR PERSONNAGE PRINCIPAL

Dans chacun des épisodes, un thème par personnage central a été créé. D’autres thèmes ont été composés et associés à différents moments importants de la fiction, notamment pour les pirates : une chanson à boire chantée par les marins dans les tavernes. Création aussi d’un thème de chant de marin lorsque les pirates et les marins sont en mer et encore un autre thème, traité plus spécifiquement dans l’esprit de la comédie musicale (mais pas trop) pour l’arrivée des pirates à Charleston.

« Dans chaque thème il y a de multiples variations. L’intérêt étant de trouver quelque chose d’unique à chaque personnage central. Mais qui ensuite pourra être retravaillé aux différents moments, en gardant cette unité mélodique ».


Comment les histoires traversent-elles le temps et comment se transforment-elles? 

Belle question qui en suscite une autre: qu’est-ce qui fait que depuis la nuit des temps, des dessins tracés minutieusement sur les parois des grottes, en passant par les griots sous les arbres à palabres, jusqu’à aujourd’hui, nous ayons toujours tant besoin de les inventer, encore plus de les écouter ?

Peut-être le saurons-nous en écoutant ce petit bijou sonore qu’est l’histoire réinventée de cette femme devenue pirate, par amour ou par nécessité ?

Sur Arte radio, partez à l’abordage du podcast flamboyant « LA DERNIERE NUIT D’ANNE BONNY » de Claire RICHARD et ses complices.


Un récit de Monique Lormet


Pour écouter la série La dernière nuit d’Anne Bonny

https://www.arteradio.com/serie/la_derniere_nuit_d_anne_bonny/2393