De Pierre Augustin Caron à Beaumarchais


Contrairement à ce que la particule « de » Beaumarchais peut nous évoquer, Pierre Augustin Caron grandit dans la bourgeoisie et non pas dans la noblesse. Pour remplir les caisses du Royaume, la Couronne vend de nombreux titres et fonctions. Pierre Augustin Caron rachète le titre de contrôleur clerc d’office du roi à Pierre Augustin Francquet un vieillard qui n’est plus en état d’assurer cette fonction. Il épouse la veuve de ce même homme, Marie-Madeleine Francquet et récupère le fief de Beaumarchais dont il adopte le nom en 1757. Il devient donc Pierre Augustin Caron de Beaumarchais. Ni ce nom, ni ce titre ne lui confère de noblesse. Ce n’est qu’en 1761 à ses 29 ans qu’il achète pour 85000 francs le nouveau titre de secrétaire du roi, il est alors anobli par un décret royal de Louis XV.




Ses Révolutions



























 




Beaumarchais ou l’aventure de la liberté – Un Révolutionnaire – Erik Orsenna

https://www.franceculture.fr/emissions/beaumarchais-ou-laventure-de-la-liberte/un-revolutionnaire




Droits d’auteurs 13-19 janvier 1791





















C’est dans ce climat politique et législatif en pleine mutation que Beaumarchais propose, devant l’Assemblée nationale législative alors réunie dans la salle des manèges, un premier texte de loi relatif aux droits d’auteurs le 13 et 19 janvier 1791. Si l’article 1er proclame la liberté des théâtre et l’article 2 la disposition transitoire, l’article 3 est quant à lui destiné aux auteurs et stipule que « Les ouvrages des auteurs vivants ne pourront être représentés sur aucun théâtre public, dans toute l'étendue de la France, sans le consentement formel et par écrit des auteurs, sous peine de confiscation du produit total des représentations au profit des auteurs. ». La loi connait par la suite des évolutions mais ses prémices de 1791 sont encore en vigueur aujourd’hui.



Organe officiel du bureau de l’union international du 15 novembre 1893 – Pages 131 à 142

Pour la protection des œuvres littéraires et artistiques

https://www.wipo.int/edocs/pubdocs/fr/copyright/120/wipo_pub_120_1893_11.pdf







Les lettres Patentes


















Société des auteurs et compositeurs dramatiques





















La Double Virgule

















Et Si…




Beaumarchais est un auteur de génie. C’est à lui que l’on doit, entre autres, la trilogie de Figaro - « Le barbier de Séville » « Le mariage de Figaro » et « L’autre Tartuffe ou La Mère coupable ». Il ne doit pas sa fortune à ses œuvres mais aux nombreux métiers qu’il a mené en parallèle de sa carrière d’auteur. Professeur de harpe des filles du roi, espion, marchand d’armes… Et si Beaumarchais avait gagné ce qu’il méritait pour ses textes, s’il avait bénéficié des droits d’auteurs pendant toute sa vie ? Combien d’autres œuvres de génie aurait-t-il écrit ? Avec des « si », Paris tiendrait dans une bouteille. Il n’aurait peut-être pas eu la même vie, mais il serait toujours resté fidèle à lui-même, pour sûr, un « oseur ». Pour lui, tout travail mérite salaire. Tout travail mérite reconnaissance. Depuis 1791, tous les auteurs perçoivent des droits d’auteurs et portent la paternité de leurs œuvres et cela, grâce à Beaumarchais.

























Evolution du droit d’auteur SACD

https://www.sacd.fr/200-ans-de-combats-pour-les-auteurs





Pour aller plus loin…


LIVRES

Beaumarchais ou l’irrévérence - Marie Geffray -2013

Beaumarchais le voltigeur des lumières - Jean Pierre de Beaumarchais -1996

Beaumarchais, un intermittent du spectacle – Jean Piat -2004

Beaumarchais, un aventurier de la liberté - Erik Orsenna -2019

Beaumarchais ou la bizarre destinée - René Pomeau -1987





 Emission de podcasts – La vie de Pierre Augustin Caron de Beaumarchais – Erik Orsenna

 https://www.franceculture.fr/emissions/beaumarchais-ou-laventure-de-la-liberte





Luc MARIE, 18/03/2021



«Métier d’auteur, métier d’oseur»

Œuvres complètes de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais,

Témoignage de Gudin de La Brenellerie - Des drames et des comédies, Tome 7, page 253, 1809

Noble mais toujours proche du peuple et avec des idées novatrices Beaumarchais a une âme révolutionnaire. Malgré différents démêlés avec la justice, en 1776 il soutient les insurgés américains en leur vendant des armes. Proche de Benjamin Franklin il contribue d’une certaine manière à l’indépendance des Etats-Unis.


1791 – grande année riche en rebondissements ! 


Les privilèges féodaux sont abolis et la déclaration des droits de l’homme et du citoyen est en vigueur depuis deux ans lorsque le roi est arrêté à Varennes, le 21 juin 1791. Quelques mois plus tard, le 3 septembre, la première constitution française est votée. Il faudra encore 1 mois pour que la nouvelle assemblée constituante se réunisse pour la première fois le 1er octobre. C’est l’inauguration du régime monarchique et parlementaire.

Il faut dire que jusqu’à l’abolition des privilèges, les droits des auteurs sur leurs œuvres relevaient d’un privilège royal, accordé par une lettre patente, acte législatif émis par un souverain. Sans cette lettre, impossible pour un auteur de vivre de ses œuvres. Pire, sans protection, une œuvre pouvait être imprimée et distribuée par un libraire ou jouée par une troupe d’acteurs sans le regard et le consentement de son auteur.

La reconnaissance du droit d’auteur comme un droit naturel, un droit de propriété intellectuelle est pour Beaumarchais un combat de longue date. Après le succès et les premières représentations de sa pièce de théâtre « Le Barbier de Séville », Beaumarchais refuse le règlement unique de la Comédie française. Il estime mériter des revenus réguliers, basés sur le nombre de représentations et les recettes qu’elles engendrent. La lutte dure six mois et Beaumarchais réunit finalement 23 auteurs autour d’une table ronde. Plusieurs d’entre eux comme Rousseau, Barthe ou encore Lefèvre… signent l’acte fondateur de la société des auteurs et compositeurs dramatiques – SACD.

A vrai dire dès l’année 1753, Beaumarchais est confronté au problème de la propriété intellectuelle. Il est alors horloger dans l’atelier de son père. Il améliore l’échappement à cylindre des montres et horloges avec l’invention de l’échappement à double virgule. Son invention ne tarde pas à attirer les convoitises de Jean-André Lepaute, l’horloger royal. Après deux ans de lutte, Beaumarchais parvient à rétablir la vérité et il est nommé nouvel horloger royal.

Jean-André Lepaute

Sa pièce de théâtre « Le mariage de figaro », au départ censurée par Louis XVI se veut, selon Beaumarchais dénonciatrice d’une « foule d’abus qui désolent la société ». Il parle des abus des riches et des nobles. Cela se confirme à travers plusieurs répliques de Figaro. Parait-il que Danton dît de la pièce en 1989 « …si Figaro a tué la noblesse, Charles IX tuera la royauté… ». Quoi qu’il en soit, à travers cette pièce et ses idées, Beaumarchais a pu inspirer beaucoup de rêveurs de liberté et de société nouvelle.