Mélanie et Émeline, autrices à la Source aux Auteurs sont allées voir la pièce de théâtre « En Attendant Michael L. » de Sara Valeri,  au Grand Point Virgule en juin pour nous. 


Leur récit.

© Conrad Allain - photographie

Le résumé de la pièce :

« Ethan, Joseph et Camille sont au séminaire de Paris : c’est leur dernière année d’études avant de devenir prêtres. Depuis plusieurs semaines, ils répètent leur future cérémonie d’ordination avec un metteur en scène pieux appelé Michael L. Ensemble, ils préparent une pièce pour le moins troublante sur l’amitié entre Jésus, Jean, et Saint Jean-Baptiste.

Or, à quelques jours de la représentation tant attendue, Michael L. disparaît des répétitions…

Face à son absence et à l’espoir de son retour, chacun doit composer avec sa peur et celle des autres, avec ses convictions et ses désirs. Une question demeure : vont-ils jouer la pièce ? »

Nous attendions sagement d’entrer dans l’antre du théâtre du Grand Point Virgule. À propos du titre, on se questionnait. Est ce Beckettien ? J’en réfère à « En attendant Godot » pièce absurde où les personnages attendent Godot, qui n’arrivera jamais et qui sont tiraillés par le poids de l’existence. On suppose le lien avec la dimension religieuse. Alors Michael L., ce serait Dieu ?

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Nous arrivons dans la salle, en prenant place, tandis que les personnages méditent en scène, regardant au loin face à eux, vers l’horizon. Atmosphère très particulière, mystique. Ils sont 4. Trois à cour et 1 à jardin.


La religion et le rire : deux univers qui fusionnent avec des ressors humoristiques dans la pièce de théâtre. Quoi de mieux que le rire pour traiter un sujet comme la religion? 


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« Castigat ridendo Mores » sur le vivre ensemble.

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La symbolique des chiffres : au fil de l’intrigue, les personnages apparaissent l’un après l’autre, s’additionnant et formant un groupe. C’est là qu’on aborde le thème principal de la pièce selon nous, le « ensemble ».

Les personnage sont en quête de connaissances, connaître la fin de la pièce, connaître Michael L., connaître Dieu, se connaître soi même. Tous ont des avis différents sur la manière d’y arriver. Tantôt en faisant preuve d’une confiance aveugle, tantôt en se pliant à des principes stricts. Ils ont également peur de cette fin inconnue, qui pourrait être la mort.


Le recommencement : le chiffre 1 est trop absolu - sans aucune restriction ni limite. 

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L’amitié : le chiffre 2  nous apprend  à relativiser. C’est de là, que naît l’amitié.

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La trinité : le chiffre 3 ,  un « médiateur » extérieur gère le conflit.  

Des images bibliques s’en suivent,  la danse des moines noirs et du mime à 3. 

Ce passage fait écho à la trinité, le père, le fils, et le saint esprit, qui sont consubstantiels à une même nature, la réunion de trois éléments qui nous ramène au chiffre 1.

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La danse des 3 prêtres, nous avons ressenti de la douceur, de la sensualité, de la fougue et avons rit. Elle représente l’amour de son prochain. Trop souvent « le corps est un lieu de vérité que l’on étouffe », les mots ne suffisent plus. 


Il faut se mettre à nu et « Sauter dans le vide par amour ». Le rapport entre le charnel et l’amour inconditionnel pour Dieu, est très présent, « il faut aimer sans cesse après avoir aimé » , malgré les épreuves de la vie. 



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Michael L., c’est Dieu ? Le nom de l’archange Michael signifie « qui est comme Dieu ». Alors Michael, c’est tout comme Dieu finalement ! Et le L. ?

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Ainsi, nos visages ont oscillé entre rire et doute. Cette pièce nous pousse à la réflexion métaphysique. 


Émeline ressentait « l’enfermement » qui pousse à l’émancipation. Je ressentais la peur de l’échec, l’anéantissement des personnages, la peur de ne plus avoir de mentor. 

Quelle est bien absurde la vie, comme la peur de la mort - La mort, inévitable elle, celle qui nous enferme dans la boucle de la vie.

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Sara Valeri, jeune autrice et metteuse en scène provoque  et stimule notre besoin de Sens = notre Michael L. 

- besoin de liberté du corps, se libérer des contraintes. 


Elle y explore métaphoriquement les contraintes de quête de la Connaissance et de la Foi quand elle était dans son séminaire à elle après le Bac, « sa prépa ».  L’origine de la pièce, elle le doit au festival Grand 8. Elle a travaillé avec les élèves du conservatoire du 9ème arrondissement. Elle a fait des recherches iconographiques poussées. Inspirée par les films avec Michael Lonsdale, son mentor qui se cache dans la lettre L et le point. - En attendant Michael L.


Elle y créé une trame narrative, qu’elle développe ensuite sur le plateau avec ses quatre comédiens. Elle est aussi chorégraphe des pas de danses. Sara a choisit des acteurs hommes, qu’elle féminise avec des jupes, tels des derviches tourneurs - la danse devient une expérience mystique, celle qui pourrait faire revenir Michael/Dieu sur Terre ou bien se connecter à lui/elle.


Il y a une forme d’eucharistie de la parole et de la présence corporelle dans cette pièce de théâtre. 

Nous avons appris à être « vides » un instant et à accueillir en nous les mots et les corps de Sara Valeri, jeune virtuose qui a su cueillir la création. Ici, la pièce s’est créée à plusieurs, ensemble. 


Et si les Mondes, étaient créés par une femme et ses 4 disciples ? L en langage des oiseaux peut se dire aussi Elle = La Source. Le point . est l’origine de tout. Tous les secrets de l’univers se cachent dans le signe  .  

un coup de coeur de Mélanie Kuleczko et Émeline Thuault, le 12 juillet 2022