La 44ème édition du Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand s’est tenue du 28 janvier au 5 février 2022. Cette année les films espagnols ont été à l’honneur. Plusieurs lieux ont été mis à contribution pour diffuser les courts-métrages ou pour d’autres activités liées au Festival comme des expositions ou des projections spéciales (séance ciné piscine, séance Polar…). 

Élodie Depecker a suivi ce festival. Son Récit !

Le Grand prix de la compétition nationale 

Prix étudiant

Jour 1

    Marché des producteurs

Le festival commence le 28 janvier, mais je travaille… Malheureusement, ce sera pour demain. 

Je pars donc chercher un programme - quelques séances me plaisent. J’achète des tickets de séances mais cela ne me permet pas d’entrer dans le marché des producteurs. Je dois les rencontrer. Je passe ma journée à chercher le moyen de rentrer en contact avec eux. Je trouve enfin l’accréditation.

Le Marché des Producteurs est présent sur tous les festivals. Il permet aux professionnels de se rencontrer - auteurs, réalisateurs, producteurs, diffuseurs. On peut venir avec un projet avancé en écriture ou des films déjà produits pour les proposer aux producteurs et aux diffuseurs. C’est un espace où on vend, où on achète des films et des projets de films. J’ai l’impression d’être dans un salon ou au marché avec plusieurs stands des différentes sociétés présentes lors du festival. J’ai vu le stand du CNC, l’Agence du court-métrage et bien d’autres sociétés de productions étrangères.  

C’est la première fois que je rentre dans un marché aux producteurs. Je ne sais pas trop comment m’y prendre. J’évoque d’abord La Source Aux Auteurs puis je présente mon projet d’ association : « De Plumes et d’encre » à Clermont-Ferrand. 


Jour 2

Film Compétition Internationale

Pour ce deuxième jour de festival, je décide d’aller voir les films en compétition à l’International. Ces films sont diffusés dans une petite salle du bâtiment nommé La Comédie, qui se trouve juste à côté de la Maison de la Culture dans le centre de Clermont-Ferrand. 



Night of the Living Dicks de Ilja Rautsi


Venla n’en peut plus de recevoir des photos de bites via Internet. Elle trouve une paire de lunettes qui révèle quels hommes sont des glands. Mais quand ces monstres découvrent que Venla peut voir leur vraie nature, ils la prennent en chasse. Venla va se retrouver en plein cauchemar explosif entre organes génitaux et rôle des sexes. 


J’ai adoré ce film, un peu dérangeant. Le film est très intéressant pour son histoire et pour son esthétisme. Night of the living dicks est un film en noir et blanc, une comédie noire reprenant les codes des films d’horreurs des années 30. Les acteurs sont vraiment impressionnants et ne sont jamais sortis de leurs rôles malgré les costumes qui prêtent aux rires. 

Le réalisateur, Ilja Rautsi, a évoqué que tout le budget de son film est parti dans les costumes et les effets spéciaux.

J’ai suivi une conférence sur le Procès de Nuremberg à l’Université, rue Etienne Dolet, animée par Sylvie Lindeperg.

Nous avons visionné deux films : That the Justice be done (film fait par les américains) et Le Triomphe de la volonté (film fait par les Français). 

Cette rencontre m’a fait prendre conscience que le procès permet de construire la mémoire et l’Histoire. 

Ces films sont une propagande. Ils créent un nouveau récit. Sortir vainqueur de la guerre. Pour les américains, seule la démocratie américaine est à l’origine de la paix dans le monde. 

Jour 3


Séance Polar

Pour ce 3ème jour,  je décide d’aller voir la séance Polar du soir. Salle pleine à craquer à la Maison de la Culture. 



The Loyal Man de Lawrence Valin 

Aathi, homme de main solitaire et dévoué, travaille dans une épicerie le jour et conduit des clandestins la nuit pour le compte de Monsieur, parrain de la mafia tamoule de Paris. Aathi n’a jamais pensé qu’au devoir… jusqu’à ce que sa route croise celle de Minnale, une clandestine livrée à elle-même. 


J’ai adoré ce film, inspiré des films de Jacques Audiard. L’histoire et les personnages sont touchants. Tout au long du film, j’étais avec Aathi, on voit bien que le milieu de la mafia ne lui convient plus et qu’il n’est simplement qu’un pion dans le jeu de Monsieur. Mon seul regret est la révélation du visage de Monsieur qui n’était pas nécessaire. 


Jour 4


Un regard d’Afrique

Un regard d’Afrique est diffusé dans la salle Conchon. La salle est bondée de monde. Je suis surprise de voir autant de monde. Comme quoi, nous avons tous besoin de voir autre chose. On fuit les propositions américaines. Je ne connais pas le cinéma africain. J’ai envie de découvrir. 




Jua Kali de Joash Omondi

Une employée à domicile accomplit ses tâches, tandis que ses employeurs nantis vaquent à leurs affaires, leurs disputes, leurs combines. Mais le travail n’est pas sans séquelles pour son corps.


J’ai adoré le film. Jua Kali est un film très visuel avec très peu de dialogues. L’image et les plans racontent une histoire. Quelle virtuosité ! Ils montrent la difficulté des gestes répétitifs d’une femme de ménage et les conséquences sur son corps et sa santé. 

Tang Jaër de Selly Raby Kane

Un tenancier de Tangana observe dans un mystérieux restaurant, le ballet incessant des êtres qui peuplent la ville de Dakar. Entre nunkurunku et brochettes fumantes, soupe et lait concentré, Onfaaya écoute les esseulés, apaise les agités, panse les plaies et accueille la vie de tous les jours telle qu’elle se présente, quoiqu’il en coûte.


Tang Jër est un film que j’ai trouvé bizarre et il m’a trop impressionné. Dès le premier plan, le réalisateur nous avertit sur la signification du titre du film : «Bruit».  Je reste dans ce schéma bruyant; il n’y a jamais un moment de silence, tout bouge sans arrêt. 

Le maquillage de Onfaaya est vraiment incroyable, c’est un mélange de vampire et de démon. J’ai pensé à Papa Legba de American Horror Story. Les personnes dans le restaurant d’Onfaaya sont aussi «bizarres», l’une arrive avec une tête de poisson, l’autre avec une tête de cheval. Il y a aussi cette jeune fille vêtue de blanc et une coiffure étrange.

Jour 5


Séance compétition française

Film en compétition France, contrairement aux films Internationaux en compétition, la séance est complète. 





Warsha de Dania Bdeir


Mohammad, un migrant syrien, travaille sur un chantier de construction à Beyrouth. Ce jour-là, quelque chose le pousse à se porter volontaire pour conduire la grue la plus haute et la plus dangereuse du Liban.

C’est le film qui m’a le plus marqué visuellement dans ce festival. Surtout cette scène où Mohammad danse dans les airs, accroché aux chaines de la grue, avec en fond, les gratte-ciels de Beyrouth. C’est un pur plaisir visuel. Le film m’a transporté. Une claque visuelle ! L’esthétique peut donc provoquer une émotion. Pour ma part, cela a été de l’émerveillement. 

J’ai découvert ce festival pour la première fois. J’ai été impressionnée par la programmation très éclectique. Je conseille de suivre les 6 jours du festival pour une immersion totale.  La prochaine édition est du 27/01 au 04/02/2023. 


A vos accréditations !!! https://clermont-filmfest.org


Élodie Depecker, 05/02/2022