Réalisé et écrit par John Landis en 1981, Le loup-garou de Londres est un film d’horreur mythiquement déjanté.

David Kessler est un jeune routard qui, un soir de pleine lune, se fait attaquer par un loup-garou. Le film va alors se concentrer sur la lycanthropie latente de David, qui passera son temps à nier sa nouvelle nature. Un reniement de soi qui trouve son dénouement dans la transformation de David en loup-garou, puis, son terrassement par une meute de policiers.


Le rapport que le film entretient avec le mythe du loup-garou est très mystique. Le mythe prend d’abord forme dans l’inconscient, dans le rêve, dans le cauchemar. Des cauchemars qui mettront David face à l’horreur du mythe qui est en train de prendre le contrôle de son corps.

Dans celui-ci, par exemple, David est sur le point d’attaquer Alex, une infirmière dont il est amoureux.







Bizarre. Qu’est-ce qui me fait si peur dans cette scène ? J'en ai déjà vu des scènes plus horrifiques, et pourtant, me voilà scotché à mon siège. Serrant le filtre de ma cigarette entre mes ongles jusqu’à ce qu’il s’aplatisse.


Prenons un autre cauchemar, celui des loups-garous en tenue de nazi. Bien plus insidieux, bien plus cruel que le précèdent. Mais toujours, cette peur qui me prend aux tripes et qui n’a rien à voir avec la violence de la scène.


Alors je ressasse, je radote et je digère ces cauchemars, puis, je me penche sur ce qu’il y avait devant mon nez depuis le début. Des loups-garous en costume de nazi ? Quésaco ? Un délire esthétique du réalisateur avec son costumier ? En-tout-cas, ce n’était pas dans le scénario.


À la place, il est écrit “Stormtrooper”. Le lien avec les nazis est clair : le fascisme.

Pour John Landis, le fascisme s’inscrit dans la mythologie du monstre. Celle qui est là pour effrayer et mettre en garde les petits comme les grands.


Mais qu’est-ce qui m’effraie autant dans le mythe ?


Pour trouver les raisons de ma peur, j’ai dû m'intéresser à leurs raisons d’exister. Et voilà ce que je vois. À chaque fois qu’un mythe se crée, son contrôle est hors de notre portée. Son avènement dépend d’événements sociaux de masse. Que ce soit le royalisme pour Dracula ou l’avancée scientifique pour Frankenstein. L'individu n’est pas et ne sera jamais en contrôle du mythe qui l’influence. C’est la masse, l’inconscient du groupe, qui décide à sa place.


La Voilà, l’horreur mythologique qui me transperce devant Le loup-garou de Londres.


C’est de notre croyance que le mythe puise son pouvoir, 

et pourtant, nous ne sommes pas seuls maîtres de ce que l’on croit. Comme David, nous sommes tous sur d’avoir un contrôle sur nos pensées, sur nos corps.

Mais si j’en crois le loup-garou de Londres, quand vient l’heure de la pleine lune et que notre inconscient nous rattrape. Les mythes nous emprisonnent, nous transforment.


Et toutes nos relations, nos convictions, nos forces spirituelles et physiques ne peuvent rien contre ça.


un coup de coeur d’Antoine Pugnet, le 24 juin  2022