« Chez Talents Hauts, on considère qu’aucun livre n’est neutre, que chacun d’entre eux est porteur d’une vision du monde et que cette vision du monde c’est notre responsabilité en tant qu’éditeur et éditrice de l’interroger, de la questionner avec les artistes avec qui on fait des livres ».

L’édition inclusive, késako ?

C’est avec ces mots que la maison d’édition Talents Hauts, fondée en 2005, ouvre son webinaire le 24 novembre, dans le cadre du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil 2022. Charlotte Rigaud, chargée de production chez Talents Hauts, ainsi que Justine Haré et Elise Courtois, toutes deux éditrices, animent la conférence. 

Talents Hauts s’engage depuis plus d’une décennie à diversifier et réinventer les livres pour enfants et adolescents. Pour cela, la maison a créé plusieurs collections, destinées à différentes tranches d’âge et aux objectifs divers: Badaboum!, Les Plumées et Ego.

Badaboum ! Par terre les clichés

Après une analyse du marché de la toute petite enfance, la maison d’édition découvre « qu’il est extrêmement riche, très éclectique mais encore extrêmement empreint de stéréotypes, presque plus paradoxalement que les albums pour les 3-7 ans. Comme si ces livres passaient un petit peu sous les radars, au prétexte, sans doute du très jeune âge du lectorat.». 

Ce qui leur saute aux yeux, c’est la représentation de la famille hétéronormée blanche (Papa & Maman, grand frère et petite sœur), les activités et centres d’intérêt genrés, (véhicule, poupée…) tout comme les couleurs. 

Talents Hauts s’engage également pour une production des livres éthique et européenne. « En deux ans, la collection s’est agrandie de 12 titres, sur des thèmes aussi variés que : le consentement, la musique, les véhicules, les peurs du soir ou du noir ou les animaux ».

La collection se distingue par 3 intentions de déconstruction. 

Pieds de nez  Questionner, banaliser.

« les livres prennent le contrepied des stéréotypes avec astuces, humour, pour éveiller les esprits critiques du jeune lectorat et surtout de celui des parents ». 

On retrouve des ouvrages comme Ma Poupée qui aborde le sujet de la paternité par le biais d’un enfant qui joue à la poupée. 

Mon Carrosse qui se moque allègrement des clichés sur les princesses (l’amour du rose, des choses délicates…) tout en mettant en scène une petite fille au volant.

Banaliser 

« Quand le stéréotype n’est plus le sujet du livre, mais apparait soit en sous-texte, soit dans un travail qu’on a repéré avec les artistes dans l’illustration ». 

On peut retrouver cette démarche dans Petits Pas. Le livre met en lien un stade universel de l’apprentissage : l’apprentissage de la marche et les multiples et diverses variantes de la famille accueillant les premiers pas. 

On peut retrouver un couple lesbien, une maman possiblement adoptante… Le propos du livre en soi n’est pas la diversité des familles, mais ses représentations, glissées naturellement dans la narration, permettent d’introduire le lectorat à ces variantes.

Questionner 

 « Ce sont ces livres qui questionnent, qui interrogent, sans pour autant donner une réponse toute faite ou moralisante »

Ainsi, à travers l’ouvrage Chat ! on s’intéresse à la question du consentement grâce à la relation entre un enfant et son animal de compagnie. 

Dans Rock n’Roll, on s’interroge sur pourquoi on attend des petites filles qu’elles soient calmes, presque silencieuses et les conséquences de ces demandes sur leur développement, leur façon d’occuper l’espace. Le livre illustre ces conséquences en parlant de l’absence de femmes dans le milieu du rock. 

Dans Les Animales, on discute des raisons pour lesquelles certains animaux, notamment les loups et les lions, sont automatiquement présentés comme mâles. Comme si le neutre est immédiatement masculin.

Les Plumées  Retrouver, rééditer, réhabiliter les autrices du matrimoine

La collection féministe, s’inscrit dans la ligne éditoriale de la maison d’édition: mettre en lumière des autrices oubliées de l’Histoire, de la langue française. Cette réflexion sur le matrimoine et sa place dans la littérature française est partie d’un constat : « […] nous étions tout à fait capables de citer des dizaines de noms d’auteurs de la littérature classique, mais avions beaucoup plus de mal à dresser une liste de dix autrices de cette même littérature classique. » 

Plus d’une quinzaine d’autrices, réhabilitées, sont publiées dans cette collection. « Cet effacement [de l’Histoire] est d’autant plus injuste qu’elles s’étaient illustrées dans de nombreux genres et qu’elles y avaient été reconnues ». 

Talents Hauts espère, avec Les Plumées, faire découvrir à la nouvelle génération tout un pan de la littérature féminine.

L’autrice présentée durant le webinaire : Marie de France, une pionnière de l’écriture de fables.   

Après avoir retrouvé ses manuscrits, Talents Hauts découvre qu’elle signait ses œuvres, pratique peu commune pour le Moyen-Âge. Presque 500 ans avant les fables de La Fontaine, Marie de France publie, aux alentours de 1180, un recueil de 104 fables, non pas en Latin, mais en Anglo-normand. Elle s’est inspirée de la tradition orale anglaise, de fabulistes arabes et des fables communes, et elle est la première à versifier les fables antiques. A travers ce recueil, Marie de France dénonce également la situation politique du Moyen-Âge, notamment le système souverain-vassal.

Ce qui me marque le plus dans cette discussion sur les autrices, c’est l’impact du livre de contes Brune-Feuille, un prince se marie et autres contes inclusifs. Édité par Dorottya Redai, illustré par Lilla Bölecz et publié par l’association lesbienne hongroise LABRISZ, le recueil fait parler de lui en octobre 2020. Une députée d’extrême-droite, qui considère le livre comme de la « propagande homosexuelle » détruit le livre en public et le premier ministre Viktor Orban en profite pour mettre en place une loi LGBTphobe.  

Représenter les minorités et les marginalisés n’est en aucun cas de la propagande, mais de l’inclusion ! 

Seulement, la polémique a l’effet inverse : une vague d’intérêt et de soutien national, mais aussi européen se propage (le syndrome Barbara Streisand si vous voulez). Le phénomène est tel qu’en 2021, Dorottya Redai est nommée une des 100 personnes les plus influentes du monde par Time Magazine. Et à ce jour, le recueil est traduit dans plus de 10 langues à travers l’Europe.

En suivant cette polémique, Talents Hauts ont eu la conviction qu’il fallait traduire et publier ce recueil en France. Leurs engagements et convictions étant les mêmes que ceux de Dorottya Redai, la collaboration a été facile. Le recueil est disponible en français. Il est soutenu par Amnesty International.

Ego Des mots qui parlent

« C’est une collection qui s’adresse aux adolescents et adolescentes, sans les prendre pour des idiots. Qui doit être au plus près d’eux, qui doit être en prise avec leurs enjeux. » 

Ego est une collection qui a déjà 10 ans et possède plusieurs critères de publication : histoire courte, accessible à ceux qui n’ont pas l’habitude de lire, qui parle de l’identité adolescente permettant une identification des lecteurs et des lectrices.

Le roman qui a inauguré la collection en 2012 est Mauvaise Connexion écrit par Joe Wittek. Salué par la critique et le public, le roman compte aujourd’hui plus de 10 000 ventes ! Depuis, pas mal d’auteurs et autrices sont publiés dans cette collection, notamment Cathy Ytak (Prix Vendredi 2020), Sandrine Beau, Antoine Dole (Prix Danielle Grondein 2020)… Ces auteurs et autrices abordent de nombreux sujets, souvent très tabous, dont l’inceste et la pédocriminalité. 

« Ce sont des sujets assez durs, assez forts, mais qui sont toujours traités avec distance, justesse et pudeur, ce qui fait que l’on est jamais dans quelque chose de voyeuriste. »

Dans la continuité de cette position, la maison d’édition a modernisé ses couvertures de livres, grâce à l’illustratrice Anne Pomel. Les couvertures, désormais dessinées et aux couleurs vives, parlent directement aux jeunes. Toute la collection est pensée et designée pour les adolescents et les adolescentes.

J’ai personnellement adoré ce webinaire ! Justine Haré et Elise Courtois ont partagé leur passion et leurs engagements. 

Talents Hauts est une maison d’édition ayant une forte identité, des engagements et des convictions partagés par tous et par toutes. Une grande envie de faire bouger les choses, de changer les mentalités ! 

Pour rencontrer Talents Hauts au Salon du Livre de Montreuil, rendez-vous au premier étage, stand E23 !



Pour aller plus loin 

https://slpjplus.fr/salon

http://www.talentshauts.fr


https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/inclusivite 

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/en-direct-du-monde/en-hongrie-un-livre-de-contes-inclusifs-dont-les-ventes-cartonnent-scandalise-l-extreme-droite_4887503.html


LASTMAN : un manga syllabé adapté pour les dyslexiques

Valentin Mathé souhaite, avec La poule qui pond, proposer des livres adaptés aux enfants dyslexiques, qui leur donnent goût à la lecture et qui leur permettent de s’affranchir du regard des autres, très difficile à vivre lorsque l’on doit lire devant un auditoire. « Ce qui est dur quand on est enfant dyslexique, c’est le regard des autres qui crée le malaise, qui fait que le handicap n’est pas facile à porter ».


La dyslexie, c’est la « difficulté d'apprentissage de la lecture et de l'orthographe, en dehors de toute déficience intellectuelle et sensorielle, et de tout trouble psychiatrique » (Larousse). C’est un handicap invisible, qui touche beaucoup plus d’enfants que l’on ne pense. En France, il y aurait 4 à 5 % des élèves dyslexiques.

« Ce serait bien de faire des livres qui puissent réconcilier les enfants dyslexiques avec le but premier du livre qui est de transmettre une histoire ». C’est la conviction de Valentin Mathé, auteur et de sa maison d’édition La poule qui pond.

La poule qui pond est une maison d’édition fondée en 2014 par Valentin Mathé. Lui-même dyslexique, il souhaite créer une collection de livres inclusive, démarche qui lui vient directement de son vécu. « Quand j’étais petit, j’allais chez l’orthophoniste. Et chez l’orthophoniste, on me faisait lire des livres qui étaient adaptés à mon niveau de lecture, pas à mon niveau d’âge. C’est-à-dire qu’à 8 ans, je me retrouvais à lire une histoire pour un enfant de 4-5 ans ». C’est grâce à son père et son petit frère qu’il a pu écouter des histoires au lit jusqu’au collège et au lycée. « Cette lecture au lit fait que j’ai toujours aimé les histoires. J’ai détesté la lecture, j’ai détesté l’écriture. [durant ma scolarité] J’ai cherché au maximum à fuir la lecture, l’écriture… Tout ce qui était les lettres, qui ressemblait de près ou de loin à une lettre me posait un problème ».

Eloïse Garrido, journaliste chez La poule qui pond  nous raconte les débuts. La maison d’édition commence par écrire et publier des livres destinés aux petits (3-7 ans), appartenant à la collection syllabée. « La collection syllabée, c’est aussi penser que les enfants se concentrent sur le sens, et pas sur essayer de décrypter chaque mot ». L’équipe développe des ouvrages courts, ayant souvent pour but d’être lus à voix haute. On a notamment des livres comme Petit Ogre veut un chien, la série de livres Les Enquêtes de Quentin & Sophie, qui sont proposés respectivement pour les enfants de 6 ans et plus, de 7 ans et plus. La collection syllabée est pensée pour les « enfants qui apprennent à lire et les enfants dyslexiques en difficulté »

Alors comment la maison d’édition en est-elle arrivée à adapter et publier LastMan, un manga qui vise un lectorat adolescent? 

Il faut tout d’abord remonter à la source : les retours. « On a eu des retours d’enseignants qui utilisaient en classe [nos livres] pour tous les enfants, pour un enfant qui avait un petit blocage…». La poule qui pond reçoit de nombreux retours d’éducateurs, de professeurs & professeures et de parents ayant utilisé leurs livres pour des jeunes collégiens ! « On s’est très vite rendu compte qu’au collège, des enseignants utilisaient nos livres, qu’on avait édité pour les CP ». Cela n’est pas approprié pour leur âge. On rappelle qu’en général, la dyslexie crée un retard de lecture d’environ 2 ans. Des lecteurs et des lectrices qui étudient le français comme langue étrangère ont également acheté leurs livres. 

Alors la maison d’édition se fait la réflexion qu’un livre destiné aux lycéens et adultes serait bien plus adapté à leur niveau de lecture et à leur âge. « Ce qui serait bien, c’est de trouver une œuvre qui peut être lue par n’importe quel enfant, n’importe quel lycéen. Que le lycéen dyslexique lise l’histoire et puisse la recommander à un autre lycéen qui va le trouver dans une version classique ». Le seul inconvénient ? La poule qui pond est spécialisée dans l’édition d’histoires pour enfants des classes de CP et plus. La solution serait donc d’acheter les droits d’un livre déjà publié, de l’adapter pour les personnes dyslexiques. 

La maison d’édition a entamé des démarches auprès de nombreuses maisons d’édition, en contactant leur service ventes de droits étrangers qui est normalement utilisé pour obtenir des droits de traduction et de publication à l’étranger. Sauf que La poule qui pond demande l’achat de droits francophones… Ce qui a rendu les négociations plus complexes. Il était nécessaire de s‘accrocher. « Il a fallu qu’on explique, qu’on soit pédagogues, parce que la dyslexie ce n’est pas quelque chose de très connu au final ». Heureusement, la maison d’édition croise le chemin de Casterman. « Du côté de Casterman, on a eu une oreille très attentive, une personne qui nous a très très bien reçu, avec qui on a vraiment discuté. On s’est dit : on a envie de travailler avec ces gens-là. Le livre c’est une aventure humaine ».

C’est en discutant sur leurs lectures des livres publiées chez Casterman que l’équipe réalise que tout le monde a lu LastMan, une BD style manga écrite par Balak, Bastien Viviès, Michaël Sanlaville et illustrée par Bastien Viviès, Michaël Sanlaville. « On a regardé le catalogue de Casterman, on s’est dit ça j’ai lu, ça j’ai lu. En fait, on l’avait tous lu. Et on l’avait tous aimé. Il fallait que ce soit une création originale de Casterman et pas un rachat de traduction ». C’est surtout une opportunité en or pour donner envie de lire. « Il y’a plusieurs tomes et si l’on accroche un jeune sur un tome, on va possiblement l’accrocher sur douze livres à lire ». Cela renforce la valorisation de soi. Quelqu’un qui a du mal à lire, lit peu ou a peur d’entamer une lecture trop avancée, va se dire - tiens j’ai  lu toute une série!


Mais comment adapte-t-on un livre, une BD, un manga classique en ouvrage syllabé ? La poule qui pond, au commencement de son activité, s’est entretenue avec de nombreux experts pour mettre en place la meilleure adaptation, la meilleure syllabisation la plus efficace et lisible possible. Cela signifie « repenser tout l’aspect livre ». 

Ainsi, pour LastMan, le format proposé est plus grand, permettant plus d’espace de lecture et donc de lisibilité. Ce changement de format permet également à la maison d’édition de respecter le nombre de pages de l’édition originale. « Repenser tout l’aspect livre » c’est également s’assurer qu’il n’y a pas de transparence entre les pages en augmentant l’épaisseur des pages. C’est aussi améliorer la spatialisation des bulles et textes, tout en gardant le texte original dans son entièreté. La BD possède une typographie un peu manuscrite, qui est l’une des plus compliquées à lire. L’importance de la lisibilité pour les lecteurs et lectrices dyslexiques est une priorité. 

Et dans le texte même ? Il y’a toute une procédure pour syllaber les textes et dialogues. Le but est de faciliter la différentiation des mots, des syllabes. « Dans la mise en forme, il y a les codes couleurs, et les petits symboles qui viennent accompagner la lecture, un peu comme on donnerait des béquilles à quelqu’un pour qu’il arrive à ne pas tomber lorsqu’il marche ». Alors, les lettres muettes sont soulignées, les couleurs alternent entre les mots... Ces méthodes ont été prouvées. Une réussite, au vu des retours reçus du lectorat. 

« À un salon de BD, une jeune femme qui devait avoir une vingtaine d’années, qui n’a pas vraiment fait attention au fait que c’était une édition syllabée, a pris LastMan dans ses mains et nous regarde et nous dit: Je ne comprends pas, j’arrive super bien à lire. C’était comique parce qu’elle était elle-même dyslexique et elle ne savait pas du tout ce qu’elle prenait en mains. Elle ne connaissait pas du tout la méthode [de syllabisation] et naturellement elle nous a dit: C’est plus simple à lire ». 

C’est un très long processus, un travail colossal. « La sortie du premier tome, cela se compte en années de travail. Entre la négociation,l’achat, etc... On est à largement plus de douze mois ». L’équipe travaille par deux tomes. Les deux premiers tomes de LastMan ont pris plusieurs années à être terminés et publiés. Afin de mettre en page une édition syllabée, La poule qui pond doit rentrer chaque mot dans un logiciel afin de les syllaber. Le logiciel applique ensuite les codes de syllabisation sur l’ensemble des mots. Après cela, le texte est traité dans des logiciels de mise en page. Les éditeurs et les éditrices entament alors un énorme travail de relecture et de mise en page : centrer dans les bulles, etc. « Le retour principal que l’on a eu sur LastMan, c’est des orthophonistes qui sont très contents d’avoir un ouvrage à proposer à leurs patients, un ouvrage à faire lire à un lycéen, à un adulte ».


Pour la maison d’édition, il est important que leur collection syllabée soit présente dans le paysage éditorial, accessible à tous, à tous les jeunes qui sont dyslexiques, qui ont des difficultés de lecture ou qui apprennent à lire. 

Leur mission c’est : donner, rendre le goût de la lecture, réconcilier les enfants et les jeunes avec la lecture. Et on ne peut que saluer cette démarche et les engagements de cette maison d’édition si singulière. 

Ouvrir la lecture à tous, favoriser et inclure, encourager et valoriser. Des mots d’ordre dans l’écriture, quel que soit le public visé, quel que soit le medium employé, c’est ma perception d’autrice aussi. 


Si vous souhaitez retrouver La poule qui pond au Salon du Livre  et de la Presse Jeunesse à Montreuil, c’est au stand D11, à l’étage !


Pour aller plus loin 


https://www.lapoulequipond.fr

https://slpjplus.fr/salon


https://www.ffdys.com/troubles-dys 


https://www.lapoulequipond.fr/bd-manga-ados-adultes/274-tome-1-lastman-edition-syllabee-.html 

https://fr.calameo.com/read/0034806520e021faae580 (lien vers un extrait du premier tome 1)

https://www.casterman.com/Bande-dessinee/Collections-series/albums/lastman 


Alexane Argentier, 30/11/2022